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À l’occasion du centenaire de la découverte du tombeau, l’exposition « Toutânkhamon, le Trésor du Pharaon » arrive à Paris le 23 mars 2019. Plus de cinquante ans après « l’exposition du siècle» qui avait attiré plus de 1,2 million de visiteurs en 1967 à Paris – cette exposition battra-t-elle des records de fréquentation ?

Présentée par le Ministère des Antiquités égyptiennes et IMG à la Grande Halle de la Villette, en collaboration avec le musée du Louvre qui assure un rôle d’accompagnement, cette exposition présente une sélection de plus de 150 objets originaux issus du tombeau, parmi lesquels de nombreux objets personnels du jeune souverain qui l’ont accompagné dans la vie et dans la mort : des bijoux en or, des sculptures ainsi que des objets rituels, dont plus de cinquante exposés pour la première fois en dehors de l’Egypte.

Naos en bois doré présentant des scènes de Toutânkhamon et Ankhésenamon GEM 199-1 18e dynastie, règne de Toutânkhamon 1336 – 1326 av. J.-C. Bois, gesso, feuille d’or Hauteur : 50,5 cm Largeur : 30,7 cm Profondeur : 48 cm Louxor, Vallée des Rois, KV62, antichambre

Lit funéraire en bois doré Ce lit cérémoniel en ébène recouvert de feuilles d’or fut probablement construit pour les funérailles de Toutânkhamon. Pour assurer la sécurité du pharaon et éloigner les forces maléfiques déterminées à lui nuire, des figures divines sont gravées sur le pied de lit : Bès, le dieu protecteur des nouveau-nés, et Taouret, la déesse hippopotame, veillent sur le repos du roi. Selon les croyances égyptiennes, les défunts n’étaient qu’endormis. Au moment de leur renaissance, ils s’éveillaient. Pour les vivants, le sommeil était un état proche de la mort. Les dieux parlaient aux dormeurs et les cauchemars de ces derniers étaient la preuve de leur vulnérabilité par rapport aux forces surnaturelles du mal. Le fait de s’éveiller chaque jour était une forme de renaissance.
Si les pharaons qui lui ont succédé ont failli réussir à effacer Toutânkhamon des livres d’histoire, la découverte de son tombeau intact en 1922 par l’archéologue et égyptologue britannique Howard Carter fit la une de la presse mondiale. Sans cette rencontre qui scella les destins des deux hommes que 3 400 ans séparaient, le pharaon de la XVIIIème dynastie aurait pu définitivement tomber dans l’oubli.

Statue à l’effigie du roi montant la garde Cette spectaculaire statue de ka à taille réelle et à l’effigie de Toutânkhamon marque son passage de la nuit noire de l’au-delà à sa renaissance à l’aube. La peau noire symbolise la fertilité du Nil et sa promesse éternelle de résurrection. L’or, qui renvoie au soleil et constitue la chair des dieux, représente la divinité de Toutankhamon. La coiffe royale némès du gardien représente Rê-Khépri, le dieu-soleil, à l’aube. Une autre statue presque identique à celle-ci portait un khat, symbole de la nuit. Ces deux statues gardaient la tombe du roi et font partie des exemples les meilleurs et les plus complets de ce type d’objets retrouvés à ce jour. Cette statue quitte l’Égypte pour la première fois.
Pour les anciens Égyptiens, la mort marque aussi une nouvelle naissance. Cette vie après la mort n’est cependant possible que si le corps est préservé et fait l’objet de rites appropriés. Ainsi, pour permettre cette renaissance et assurer la survie dans l’au-delà, les anciens Égyptiens ont mis en place tout un ensemble de rituels, d’objets, d’images et de textes que l’on retrouve à l’intérieur et sur les murs de la tombe. Les visiteurs de l’exposition suivront la traversée de Toutânkhamon vers la vie éternelle, découvrant au gré du parcours la fonction de chaque objet funéraire dans ce périlleux voyage ainsi que l’histoire de l’une des découvertes majeures de l’archéologie moderne. En parcourant cette exposition, les visiteurs perpétueront la mémoire du pharaon et son immortalité.

Couvercle de vase canope en calcite avec la tête du roi « Je suis celui qui empêche le sable d’étouffer la chambre secrète, celui qui repousse celui qui le repousserait avec le feu du désert. J’ai enflammé le désert, j’ai brouillé les pistes du chemin. Je suis là pour protéger le défunt. » Inscription sur le coffre renfermant les vases canopes. Les organes embaumés de Toutânkhamon ont été conservés dans un coffre à vases canopes reposant sur un traîneau. De chaque côté du coffre se trouve une déesse couverte d’or qui se tient les bras en croix en signe de protection : Isis, gardienne du foie ; Nephthys, gardienne des poumons ; Neith, gardienne de l’estomac ; et Selket, gardienne des intestins. Les formules inscrites sur le coffre- chapelle invoquent les quatre fils d’Horus. Contenus à l’intérieur, se trouvaient quatre cercueils miniatures en or, de magnifiques répliques des cercueils du roi, préservant chacun un organe embaumé. Le coffre contenait quatre de ces couvercles en calcite finement ciselée. Un symbole peint en noir sur l’épaule de chaque tête indique l’identité du propriétaire du cercueil miniature.
Couvercle de vase canope en calcite avec la tête du roi : Nouvel empire

Fauteuil en bois incrusté d’ébène et d’ivoire de Toutânkhamon Seule la taille de ce siège sophistiqué montre que les artisans l’ont réalisé pour le roi au début de son règne, quand il n’était encore qu’un petit garçon. Des formes géométriques en ivoire sont incrustées dans le dossier légèrement incurvé en bois d’ébène. On retrouve la même alternance de bandes verticales sur le dos, où trois larges entretoises en bois, également verticales, renforcent le dossier. L’assise, composée de cinq lattes en ébène fixées dans la ceinture, s’incurve vers le haut aux quatre côtés. Ce sont des caractéristiques habituelles des chaises et des tabourets de l’Égypte antique. Sous l’assise, des barreaux et des éléments de support relient les quatre pieds léonins. Les griffes, les pinces au bout des barreaux et les têtes des clous sont recouvertes d’or. Chaque joue est décorée d’un panneau en or repoussé représentant des scènes de nature dans un style montrant des influences étrangères populaires à la fin de la XVIIIe dynastie. Une frise de vagues borde les panneaux extérieurs, qui représentent un bouquetin bêlant, la tête tournée pour regarder derrière lui. Les panneaux intérieurs sont bordés d’une frise de rectangles et représentent une plante du désert.
Toutânkhamon est l’un des derniers rois de la 18ème dynastie d’Égypte. De sa vie, on ne connaît que peu de détails, car il est le fils d’Akhénaton, un pharaon considéré comme hérétique ayant introduit une forme extrême de la religion solaire en imposant le culte d’Aton, interdit les autres dieux et fait fermer leurs temples.

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Toutânkhamon debout sur une panthère Le tombeau de Toutânkhamon contenait de grandes statuettes figurant le pharaon harponnant ou comme ici debout sur une panthère. Enveloppées de lin et placées dans des coffres-chapelles de bois noirci, ces statuettes évoquent les dangers qui peuvent mettre à mal la renaissance du roi défunt. La panthère en marche sur laquelle est juché Toutânkhamon représenterait en effet Mafdet, une divinité protectrice de l’astre solaire lors de son parcours nocturne. Le félin assistait ainsi le roi, assimilé au dieu solaire, dans son voyage vers l’au-delà.
Toutânkhamon est né vers 1340 avant J.-C, dans la ville égyptienne d’Akhetaton, connue aujourd’hui sous le nom de Tell el-Amarna. Il devient pharaon à l’âge de huit ou neuf ans, vers 1336 avant J.-C. Pendant les premières années de son enfance, le roi et sa cour déménagent de Tell el-Amarna à Memphis. Peu de temps après, le roi change de nom. De Toutânkhaton, il devient Toutânkhamon (ce qui signifie : « l’image vivante du dieu Amon. D’après les chercheurs, Toutânkhamon se serait uni vers l’âge de douze ans à sa sœur Ânkhésenamon. Aucun des enfants du couple ne survivra même si l’on retrouve les fœtus de deux enfants mort-nés dans le tombeau de Toutânkhamon.

Cercueil miniature canope Lors de la momification, les viscères étaient traités séparément du corps. Ils étaient embaumés, oints d’onguents et de résines, puis enveloppés de bandelettes de lin, avant d’être placés dans des récipients dits canopes. Ces derniers, des vases le plus souvent, voire comme chez Toutânkhamon des cercueils miniatures, étaient au nombre de quatre. Ils étaient placés dans un coffre en calcite, chacune des quatre cavités destinées aux cercueils fermée par un bouchon à l’effigie de Toutânkhamon. Le cercueil miniature ici présenté était réservé au foie, organe placé sous la protection de la déesse Isis et d’un génie anthropomorphe prénommé Amset.
Cercueil miniature canope à l’effigie de Toutânkhamon Or, verre coloré, cornaline
Plusieurs hypothèses ont été faites autour de la mort du pharaon. On a longtemps supposé que Toutânkhamon serait décédé des suites d’un accident, vers 1326 avant J.C, dans la neuvième ou dixième année de son règne. Une radiographie de 1968 révèle en effet des blessures au crâne qui peuvent provenir d’une chute, d’un coup à la tête ou bien être advenues pendant la momification. Des images médicales plus récentes suggèrent que la mort est probablement due à une fracture de la jambe gauche. Toutânkhamon a été enterré dans la Vallée des Rois, où il demeura pendant près de 3300 ans, jusqu’à la découverte de son tombeau par Howard Carter en novembre 1922. Si l’impressionnante collection de trésors a été déplacée, sa dépouille momifiée repose encore dans son tombeau.

Pectoral en or de l’oiseau Ba avec incrustations de verre Ce pectoral fait partie des ornements retrouvés sur le corps du jeune pharaon, disposés sur ou entre les bandelettes et destinés à assurer la protection du roi. L’oiseau à tête humaine représente un ba, c’est-à-dire la part de l’être humain qui volait hors du corps à sa mort. La capacité du défunt à atteindre la vie éternelle dépendait de la réunion du ba avec le corps et le ka (force de vie ). Le pectoral a été fabriqué en or incrusté de verre imitant la turquoise, le lapis lazuli et la cornaline. L’oiseau tient dans ses serres des anneaux chen, qui symbolisent le circuit éternel du soleil. L’artisan a façonné le visage humain de cette belle pièce avec une exquise sensibilité.

Mains incrustées d’or tenant la crosse et le fléau Or, verre, cornaline, argent

Bouclier cérémoniel en bois doré Ce bouclier d’apparat en bois doré donne à voir l’image traditionnelle du pharaon massacrant des ennemis, Toutânkhamon sous la forme d’un sphinx piétinant en effet ici des prisonniers nubiens. Repousser les ennemis de l’Égypte s’apparente à contenir (symboliquement comme ici ou concrètement) le désordre, c’est-à-dire à maintenir la stabilité de l’univers. Le pharaon était en effet le garant de l’ordre du monde, tel que créé par les dieux. Le bois ajouré et l’absence de peau tendue indiquent que de tels boucliers relevaient davantage d’une utilisation cérémonielle que réelle. Ce bouclier sera visible pour la première fois hors d’Égypte.
Bien entendu les objets présentés sur cette page ne sont qu’une toute petite partie de ce que vous allez découvrir, parce qu’il est certain que, comme moi, vous n’attendez que l’ouverture des portes de cette exposition exceptionnelle, puisque certains objets sortent pour la première fois d’Egypte alors que d’autres ne sortiront plus après cette présentation du musée qui lui sera consacré!
Copyright de tous les visuels : © Laboratoriorosso, Viterbo/Italy, sauf mention contraire
INFORMATIONS PRATIQUES
TOUTÂNKHAMON, LE TRÉSOR DU PHARAON
Exposition du 23 mars au 15 septembre 2019
Grande Halle de la Villette – 211 avenue Jean Jaurès 75019 Paris
HORAIRES D’OUVERTURE DE L’EXPOSITION :
Tous les jours de 10h à 20h Dernière séance à 18h30
Billets en vente : www.expo-toutankhamon.fr
Par téléphone au 0892 390 100 (lundi au samedi de 9h30 à 18h30 sauf dimanche et fériés, coût de l’appel : 0,45€/min).
Billetterie sur place tous les jours de 10h00 à 19h00 à partir du 23 mars 2019.
TARIFS
Plein tarif semaine : 22€
Plein tarif weekend, vacances scolaires (zone C) et jours fériés : 24€
Tarifs enfants (de 4 à 14 ans) semaine : 18€
Tarifs enfants (de 4 à 14 ans) week-end, vacances scolaires (zone C) et jours fériés : 20€
Enfants (-4 ans) : gratuit
Tarif pour les personnes à mobilité réduite : 20€ en semaine et 22€ le weekend, vacances scolaires (zone C) et jours fériés.
Tarif groupes (semaine) : 20€ (à partir de 20 places)
Audio-guide disponible au tarif de 6 €.