Une surprise heureuse que cette oeuvre de Pierre-Olivier Scotto & Xavier Lemaire, RENTREE 42, Bienvenue les enfants, qui se joue actuellement à la Comédie Bastille.
La pièce avait été présentée l’année dernière au Festival d’Avignon, et notre collaboratrice, Marie Laure Atinault, l’avait déjà Chroniquée : http://www.onsortoupas.fr/rentree-42-bienvenue-les-enfants-de-xavier-lemaire-et-pierre-olivier-scotto-au-festival-off-avignon/
J’ai été la découvrir dans une salle parisienne, la Comédie Bastille, et j’en suis sorti vraiment heureux. Cela méritait un entretien, et voilà qui est chose faite avec Anne Richard et Pierre Olivier Scotto:
Rentrée 42, Bienvenue les enfants de Xavier Lemaire et Pierre-Olivier Scotto au Festival Off Avignon
La directrice de l’école retrouve avec joie la salle de classe. Sur le tableau noir, elle efface bonnes vacances, Au revoir les enfants pour inscrire 1er Octobre 1942, c’est la veille de la rentrée des classes. Mais elle sait que Madame Meyer, l’une des institutrices ne sera pas sur l’estrade pour dispenser son savoir.
Le débonnaire concierge, un ancien de Verdun, amputé d’un bras, est débordant de bonne volonté. Il règne sur les fournitures, dans cette France occupée où tout est sujet à tickets de rationnement, il faut faire attention aux cahiers, à la craie, à l’encre. Un seul cahier par élève, fini les lignes de punition ! La directrice attend les listes des enfants inscrits. Il faut bien préparer la répartition des élèves.
Les institutrices arrivent une à une. La plus jeune est heureuse de retrouver l’école et de se rendre utile. Sportive, enjouée, elle vient d’un milieu aisé. Elle met tout son espoir dans le Maréchal Pétain, le vainqueur de 14-18, le sauveur de la France. La directrice ne partage pas son enthousiasme. Elle doit affronter le déterminisme et l’intransigeance d’une institutrice, communiste convaincue et qui veut combattre. La troisième est une femme généreuse, qui déteste les conflits et qui n’hésite pas à partager ses précieuses provisions dans ces temps de privation. Les listes arrivent enfin. Les pupitres et les bancs installés tout est prêt pour demain, pour accueillir les élèves.
La cloche a retenti, mais il y a à peine une vingtaine d’élèves. Où sont les écolières ? Les institutrices les connaissent. Dans les autres écoles le constat est le même, les effectifs ne sont pas complets loin de là. La terrible vérité les atteint en plein cœur. En juillet la rafle du Vel d’hiv a vidé les immeubles du quartier. Des familles entières ont disparu. Lorsque les institutrices font l’appel, les manquantes ont des noms à consonance étrangère. Leurs petites élèves juives ne jouent plus à la marelle dans la cour.
L’horreur et le désespoir accablent ces femmes. La directrice décide de réagir, puisque personne ne répond au téléphone, ni la mairie, ni les responsables de l’enseignement. Elle décide d’organiser les cours et d’adapter aux circonstances une pédagogie innovante. Un inspecteur d’Académie arrive, quinze jours plus tard. Elles sont conscientes que le nombre restreint des élèves peut mettre en péril leur école. Mais finalement rien n’est écrit, et la résistance est en route ….
Rarement le sujet grave de ces enfants raflés avait été traité. Le titre Au revoir les enfants fait référence au formidable film de Louis Malle. La pièce est à la fois grave, émouvante et drôle. Elle est surtout indispensable. L’évocation des noms des élèves absentes nous prend à la gorge. Ne les oublions pas, refusons que des sauvages inaptes barbouillent leurs noms sur les monuments.
Le soin apporté au décor et aux costumes nous propulse dans cette époque. Les comédiens sont tous digne d’éloge de Dominique Thomas, le concierge à la tendre Fanny Lucet. Anne Richard est une directrice sobre, digne. Emilie Chevrillon donne sa force à la communiste intransigeante. Michel Laliberté est l’homme que nous détestons tous en interprétant cet inspecteur obtus. Quand à Isabelle Andréani, elle restera dans toute les mémoires comme la « meurtrière aux pralines ». Généreuse et tourbillonnante. Ce spectacle est à voir et à revoir. Du théâtre qui fait réfléchir, qui émeut. Du vrai, du grand théâtre.
Marie Laure Atinault
Mise en scène Xavier Lemaire, avec Anne Richard, Isabelle Andréani, Emilie Chevrillon, Fanny Lucet, Dominique Thomas, Michel Laliberté
Festival Off Avignon Théâtre de la Luna à 16h50, tél : 04 12 29 01 24
UN COEUR SIMPLE, c’est avant tout une nouvelle de Gustave Flaubert, et que l’on connaît beaucoup mieux maintenant gràce à Isabelle Andréani, qui l’a adaptée et qui l’interprête depuis 2019 sur la scène du Théâtre de Poche Montparnasse.
Pour sa réouverture, le 7 Septembre dernier, le Théâtre de Poche Montparnasse a créé quelques nouveaux spectacles comme LE LABOUREUR DE BOHEME, SORCIERE, avec Macha Meril, Mademoiselle Else dans une nouvelle mise en scène de Nicolas Briançon et Le Grand Théâtre de l’Epidémie de Christophe Barbier. Et c’est la reprise d’un très gros succés des années précédentes que l’on peut aussi applaudir : UN COEUR SIMPLE, tous les lundis à 21h00.
La nouvelle, tirée du recueil Trois Contes, nous fait revenir au début du XIXème siècle, où on va suivre le parcours de Félicité, une normande de la vie rurale. Elle rentrera au service d’une riche fermière, s’occupera de la maison et des enfants, avec qui une relation très forte va s’établir. La suite? soit vous relisez Flaubert, soit, beaucoup mieux, vous venez acclamer Isabelle Andréani, qui est Félicité pour notre plus grand plaisir.
Isabelle Andréani, qui est à l’origine de ce projet a travaillé avec Xavier Lemaire qui l’a mise en scène. La comédienne avait été nommée aux Molières 2019, donc gage de qualité.
Retrouvons cette comédienne qui mérite un coup de chapeau. Entretien exclusif avec Isabelle Andréani, au Théâtre de Poche Montparnasse:
Un coeur simple, c’est au Théâtre de Poche Montparnasse, tous les lundis à 21.00
Tarifs à partir de 19€ et 10€ pour moins de 26 ans