Philippe Dayries

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Naïs est belle comme un soleil, gaie comme un pinson. On ne peut la voir sans être séduit. C’est bien ce que pense Toine son ami d’enfance.

Il est le seul homme que le terrible Micoulin, le père de Naïs, accepte dans l’entourage de sa fille. Mais pour Micoulin, Toine n’est pas un danger, il est bossu. Il n’en pas moins homme, généreux et sensible.

Micoulin dit : « ma fille je ne la donne pas, je me la garde ». Jaloux et méchant comme une teigne, il est dangereux comme un scorpion.

La belle saison marque le retour de Madame Rostaing dans sa propriété au bord de la mer. Micoulin le métayer et sa fille s’occupent de l’entretien de la propriété. Naïs et Toine attendent avec impatience le retour de Frédéric Rostaing, mais pas pour les mêmes raisons. L’été embrasent le cœur des jeunes gens. Micoulin découvre les escapades amoureuses de sa fille…… Le reste est à découvrir.

Quelle belle aventure théâtrale ! Arthur Cachia présente son adaptation du film de Marcel Pagnol Naïs, alors qu’il est élève dans un cour d’art dramatique. Thierry Harcourt qui est juré au concours de fin d’année, est subjugué par le travail. Il conseille à Arthur Cachia de continuer. Thierry Harcourt met en scène avec une économie de moyen inversement proportionnelle à ses inventions. Un tabouret, un filet de pêche nous suffisent pour être en Provence, au bord de la mer. La superbe langue de Marcel Pagnol porte ce récit grave. Quelle émotion lorsque Toine raconte son enfance entourée de l’amour de sa famille et qu’une femme dit « comme il est joli ce petit bossu », un mot qu’il ne connaissait pas. Arthur Cachia campe un Toine, généreux, pudique, suggérant sa bosse sans exagération. Il est très émouvant et sa composition fera date. Autour de lui, une belle distribution, la ravissante Marie Wauquier est une Naïs craquante. Un étonnant Patrick Zard qui nous fait froid dans le dos tant on déteste le terrible Micoulin. Il est méconnaissable. Tous les comédiens sont juste, ils nous embarquent dans cette histoire que l’on suit avec une passion un peu enfantine dans notre désir que le méchant soit puni.

Marcel Pagnol est l’un des grands auteurs du XX siècle, il serait temps que l’on s’en rende compte. La beauté de sa langue, la richesse de son vocabulaire ; et puis le personnage est passionnant. Naïs est un film de 1945. Pagnol s’est inspiré d’une nouvelle de Zola, il a « dénoircie » l’histoire et a offert à Fernandel l’un de ses plus beaux rôles, donnant à une jeune et ravissante comédienne le rôle de Naïs, la future Manon des sources, Jacqueline Pagnol. Le spectacle est à voir et à revoir.

Toutes les photos : © Philippe Dayries

Naïs

De Marcel Pagnol,

Adaptation Arthur Cachia, mise en scène Thierry Harcourt

Avec Arthur Cachia, Kevin Coquard, Clément Pellerin (en alternance), Simon Gabillet (en alternance), Lydie Tison, Marie Wauquier, Patrick Zard’

Lucernaire jusqu’au 30 juin 2024

Festival d’Avignon 2024 Théâtre de la Condition des Soies

 

Marie Laure Atinault