Festival Off Avignon

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Rentrée 42, Bienvenue les enfants de Xavier Lemaire et Pierre-Olivier Scotto au Festival Off Avignon

La directrice de l’école retrouve avec joie la salle de classe. Sur le tableau noir, elle efface bonnes vacances, Au revoir les enfants pour inscrire 1er Octobre 1942, c’est la veille de la rentrée des classes. Mais elle sait que Madame Meyer, l’une des institutrices ne sera pas sur l’estrade pour dispenser son savoir.

Le débonnaire concierge, un ancien de Verdun, amputé d’un bras, est débordant de bonne volonté. Il règne sur les fournitures, dans cette France occupée où tout est sujet à tickets de rationnement, il faut faire attention aux cahiers, à la craie, à l’encre. Un seul cahier par élève, fini les lignes de punition ! La directrice attend les listes des enfants inscrits. Il faut bien préparer la répartition des élèves.

Les institutrices arrivent une à une. La plus jeune est heureuse de retrouver l’école et de se rendre utile. Sportive, enjouée, elle vient d’un milieu aisé. Elle met tout son espoir dans le Maréchal Pétain, le vainqueur de 14-18, le sauveur de la France. La directrice ne partage pas son enthousiasme. Elle doit affronter le déterminisme et l’intransigeance d’une institutrice, communiste convaincue et qui veut combattre. La troisième est une femme généreuse, qui déteste les conflits et qui n’hésite pas à partager ses précieuses provisions dans ces temps de privation. Les listes arrivent enfin. Les pupitres et les bancs installés tout est prêt pour demain, pour accueillir les élèves.

La cloche a retenti, mais il y a à peine une vingtaine d’élèves. Où sont les écolières ? Les institutrices les connaissent. Dans les autres écoles le constat est le même, les effectifs ne sont pas complets loin de là. La terrible vérité les atteint en plein cœur. En juillet la rafle du Vel d’hiv a vidé les immeubles du quartier. Des familles entières ont disparu. Lorsque les institutrices font l’appel, les manquantes ont des noms à consonance étrangère. Leurs petites élèves juives ne jouent plus à la marelle dans la cour.

L’horreur et le désespoir accablent ces femmes. La directrice décide de réagir, puisque personne ne répond au téléphone, ni la mairie, ni les responsables de l’enseignement. Elle décide d’organiser les cours et d’adapter aux circonstances une pédagogie innovante. Un inspecteur d’Académie arrive, quinze jours plus tard. Elles sont conscientes que le nombre restreint des élèves peut mettre en péril leur école. Mais finalement rien n’est écrit, et la résistance est en route ….

Rarement le sujet grave de ces enfants raflés avait été traité. Le titre Au revoir les enfants fait référence au formidable film de Louis Malle. La pièce est à la fois grave, émouvante et drôle. Elle est surtout indispensable. L’évocation des noms des élèves absentes nous prend à la gorge. Ne les oublions pas, refusons que des sauvages inaptes barbouillent leurs noms sur les monuments.

Le soin apporté au décor et aux costumes nous propulse dans cette époque. Les comédiens sont tous digne d’éloge de Dominique Thomas, le concierge à la tendre Fanny Lucet. Anne Richard est une directrice sobre, digne. Emilie Chevrillon donne sa force à la communiste intransigeante. Michel Laliberté est l’homme que nous détestons tous en interprétant cet inspecteur obtus. Quand à Isabelle Andréani, elle restera dans toute les mémoires comme la « meurtrière aux pralines ». Généreuse et tourbillonnante. Ce spectacle est à voir et à revoir. Du théâtre qui fait réfléchir, qui émeut. Du vrai, du grand théâtre.

Marie Laure Atinault

 

Mise en scène Xavier Lemaire, avec Anne Richard, Isabelle Andréani, Emilie Chevrillon, Fanny Lucet, Dominique Thomas, Michel Laliberté

Festival Off Avignon        Théâtre de la Luna à 16h50, tél : 04 12 29 01 24

la bande annonce :

 

Un classique, une fois encore revisité pour le plus grand plaisir des spectateurs.

Bastien Follavoine est porcelainier. Il joue gros ce matin, il va présenter son nouveau produit phare, un pot de chambre en porcelaine incassable à Monsieur Chouilloux et avoir le marché colossal de l’armée française. Mais son bureau va devenir l’épicentre d’un drame domestique. Alors qu’en bon père de famille, il tente d’aider son fils en cherchant dans le dictionnaire où se situe les Iles « zébrides », son épouse Julie fait irruption, en peignoir, un seau de toilettes à la main, lui annonce une nouvelle terrible concernant leur fils Hervé mais que tout le monde nomme Bébé. Nous vous laissons découvrir les affres maternelles, les angoisses d’un industriel patriote, l’exaspération d’un mari. Décidemment cette matinée se présente bien mal ! Une véritable descente aux enfers à laquelle un public sadique, dont nous faisons parti prend un vif plaisir.

Antoine Séguin, metteur en scène et comédien, a décidé de monter ce vaudeville de Feydeau, crée en 1910. Le texte de Feydeau est ancré dans son temps, le pot de chambre est désormais une antiquité, le seau de toilette a fait heureusement place à la salle de bains, et l’huile de foie de morue est passée de mode. Antoine Séguin a situé la pièce dans les années cinquante, changeant çà et là un peu le texte, mais c’est bien fait et bien venu. Le Vaudeville est un genre qui ne supporte pas la médiocrité. Tout est dans le rythme, il faut que les scènes s’enchainent, que les quiproquos soient percutants. Les comédiens sont soumis à une cadence folle. Feydeau est un auteur de troupe, pour le jouer il faut une grande complicité, une cohésion du rire. Ici le contrat est plus que largement rempli. La troupe réunie autour d’Antoine Séguin qui joue le pauvre Follavoine que nous plaignons d’avoir une épouse insupportable et quelle joie de revoir Elrick Thomas qui jubile dans le rôle d’une vieille baderne, le reste de la distribution est excellente. Vive Feydeau.

Marie Laure Atinault

On purge Bébé

De Georges Feydeau, mise en scène Antoine Séguin,

Avec Amélie Gonin, Sophie Gourdin, Gwénaël Ravaux, Antoine Séguin, Elrick Thomas

Festival OFF Avignon,

L’Ancien Carmel,

3, rue de l’Observance à 21h

 

Sophie déballe sa valise de famille, du linge fin brodé aux points de l’amour.

Sophie Forte hérite d’une vieille valise. Lorsqu’elle l’ouvre, elle découvre des photos des membres de sa famille. Entre clichés connus et inconnus, elle reconstitue l’histoire de sa famille. Une famille haute en couleurs. Que de trésors recèlent ces photos jaunies. D’abord elle nous présente ses parents, le beau gosse, là sur la photo, c’est son papa. Max joue de l’accordéon, et il « emballe » la maman de Sophie, qui arrivera plus de 10 ans après le mariage. Son père dépose le piano à bretelles et devient chauffeur de taxi. Il a le sang un peu chaud, et il se retrouve au chômage, trainant en pyjama sur le canapé. Ce qui énerve sa femme, pétulante et enthousiaste. Elle sait que son mari a un don pour le dessin. Les pastels et les crayons de la petite Sophie vont changer son destin. Si elle est fille unique, Sophie à une famille picaresque. Sa tante qui a une drôle de voix, elle est toujours impeccable avec des coiffures bien laquées, flanqué par son petit chien Gerry. Gerry est immortel.  Son oncle est un personnage de dessin animé par son physique atypique, un cœur gros comme ça.

Ajoutez à cela un ancêtre napolitain, un peu inquiétant, des grands parents étonnants. Sophie grandit à Lyon. Son père grâce à l’obstination joyeuse de sa mère est exposé dans des galeries, il reçoit des prix. Son épouse décide de transformer son magasin de robes de mariées en galerie. Max est un peu un ours timide, doté d’une véritable modestie. Il hausse ses larges épaules, mais le succès est là.

Sophie découvre Paris avec gourmandise, son papa peintre est invité pour recevoir un prix. Sa mère décide qu’il faut faire ce voyage…

Quel beau voyage nous faisons avec Sophie et sa valise magique.

Entre boîte de Pandore et malle de pirate, nous feuilletons ce roman de famille. Sophie Forte campe tous les personnages avec drôlerie et tendresse. Le roman éponyme nous avait enthousiasmé, le spectacle répond à nos attentes. Qu’il est agréable d’avoir un récit positif, plein d’amour et d’humour. Cette valise est une cargaison de tendresse.

A voir absolument.

Marie Laure Atinault

La Valise

De Sophie Forte d’après son roman éponyme (2022)

Mise en scène de l’auteur et Frédéric Patto

Festival Off Avignon à l’Ancien Carmel,
3, rue de l’Observance
Jusqu’au 21 juillet à 13h
Création Mois Molière 2024

Rating:

Pauvre Offenbach, il a bien des soucis ! Un ami lui demande de s’occuper d’une mystérieuse Princesse, les répétitions de son prochain spectacle ne se passent pas comme prévu, le ténor le lâche, le directeur le lâche, l’inspiration le lâche !!!!   Il a besoin de tous les dieux de l’Olympe pour le secourir !

Lui le roi de Paris, n’est pas d’humeur à mener une Vie Parisienne trépidante. Il met son domestique Justin à contribution. La princesse arrive, elle est pompette, voire complétement grise. Tout tourne, tout virevolte dans ce spectacle follement drôle et pétillant !

On est sous le charme de ce florilège des airs du divin Offenbach:  La Belle Hélène, La Périchole, La Vie Parisienne, La Grande Duchesse de Gerolstein, et le trépidant trio du grill de « Pomme d’Api », nous enchantent, certains spectateurs brûlants du désir de chanter avec les artistes.

Le théâtre du Petit Monde est un label de qualité, La Vie Parisienne présentée en 2019 nous avait enchantée, Le Médecin malgré lui mis en musique par Gounod fut aussi une belle réussite. Cette soirée chez Offenbach ne déroge pas à la règle. Martin Loizillon a concocté un texte  prétexte pour introduire ces airs que nous adorons. Sa mise en scène mène tambour battant les protagonistes.

Les chanteurs sont excellents, Nicolas Rigas est un Offenbach tout à fait Ad hoc et sans postiche. Cet excellent Baryton est comme un bon vin car il se bonifie d’année en année, et il est de surcroit un comédien né. Christine Tocci , notre princesse champagnisée est une soprano brillante et piquante. Pierre-Antoine Chaumier, Justin le domestique amoureux de la princesse est un ténor remarquable au timbre élégant.

Marie-Christine Goueffon est non seulement la pianiste mais fait partie de ce spectacle dont le défaut est qu’il soit trop court !

Une soirée chez Offenbach est l’un des meilleurs spectacles de ce festival.

Texte et mise en scène Martin Loizillon, musique Jacques Offenbach, avec en alternance, Nicolas Rigas, Pierre-Antoine Chaumier, Christine Tocci, Marie-Christine Goueffon, Ping Zhang et Clémentine Decouture

Marie Laure Atinault

Festival Off Avignon

Théâtre des Corps Saints tous les jours à 12h10

 

la bande annonce: