Il existe des moments magiques dans la vie , et voir cet opéra de Wagner en est certainement un.
Explications. On me dit que l’Opéra va durer 6 heures…ce qui est quand même long. On entre dans la salle vide et on peut d’ores et déjà admirer le décor, un des décors en fait de cet Opéra qui n’a pas été monté à Paris depuis un quart de siècle. Un décor qui pourrait être celui d’un conte pour enfants. Lorsque s’éteignent les lumières, un personnage en bonnet de nuit à l’ancienne rentre dans ce décor, sans parler, sans chanter, s’assoit à un bureau, écrit à la plume. Et là on craint le pire. Il tire le grand rideau blanc d’un bout à l’autre de la scène, et l’orchestre, dirigé par Philippe Jordan attaque l’ouverture de ce Meistersinger von Nürnberg de Richard Wagner. Sur le rideau blanc, la projection de ce qui était toute la pièce auparavant est zoomée pour faire un gros plan sur le bureau….et lorsque le rideau nous dévoile à nouveau le décor (signé Heike Scheele) on se retrouve dans ce bureau devenu gigantesque avec les différents protagonistes de la première scène qui évoluent. C’est à la fois surprenant et intelligent. Cette mis en scène de Stefan Herheim est d’une intelligence rare, et se poursuit ainsi pendant toute la représentation, changeant de détails sur la pièce, avec des objets gigantesques, comme un soulier de la taille d’un humain. C’est inventif, poétique, et cela ne nuit aucunement à l’opéra de Wagner, qui raconte une histoire d’amour entre une fille de notable qui devra épouser le maître chanteur ( le maître de chant!!) de la ville de Nurenberg, choisi par la guilde de la ville et elle-même. Elle est amoureuse du beau chevalier, qui possède de beaux atout question poésie et chant, mais cela va à l’encontre des projets de Beckmester, qui a des vues sur la belle Eva, et sur sa dot! Et les petits, comme les grands apprécieront les clins d’œil aux contes les plus célèbres: le petit chaperon rouge, blanche neige et les 7 nains, peau d’âne, le roi lion, le chat botté, j’en oublie certainement, qui ajoutent à ce côté comédie et enfantin de l’opéra.
Je ne vais certainement pas vous raconter l’intrigue, qui est elle aussi assez proche d’un conte, qui est né à Nuremberg, lors de l’été 1835 : dans une taverne où une joute vocale oppose Richard Wagner à un menuisier chanteur, qui va dégénérer en échauffourée. Le décor de « Die Meistersinger » est en somme déjà planté. Marienbad, été 1845 : en puisant dans l’Histoire de la littérature poétique nationale des Allemands, ainsi que dans une biographie du cordonnier et poète Hans Sachs (1494-1576),le compositeur esquisse le canevas d’un pendant satirique de Tannhäuser.
Venise, automne 1861 :Wagner décide de s’atteler à l’écriture de « Die Meistersinger » – opéra dont il ne viendra à bout que six ans plus tard. Avec un sens de l’autodérision qui ne lui est pas d’emblée associé, il mêle exercice de style et manifeste esthétique, à la gloire du « noble et saint art allemand ! » Au-delà d’un nationalisme que Thomas Mann qualifiera de « spiritualisé », ce sera l’unique comédie de la maturité de Wagner.
Maintenant, un opéra réussi c’est aussi et surtout de belles voix, et pour cette (trop courte) série de représentations vous aurez la chance de pouvoir applaudir Gerald Finley (HANS SACHS ),
Günther Groissböck (VEIT POGNER), Dietmar Kerschbaum (KUNZ VOGELGESANG), Ralf Lukas (KONRAD NACHTIGALL), Bo Skovhus (SIXTUS BECKMESSER), Michael Kraus (FRITZ KOTHNER ), Martin Homrich (BALTHASAR ZORN) , Stefan Heibach (ULRICH EISSLINGER), Robert Wörle (AUGUSTIN MOSER) , Miljenko Turk (HERMANN ORTEL) , Panajotis Iconomou (HANS SCHWARZ), Roman Astakhov (HANS FOLTZ ), Brandon Jovanovich ( WALTHER VON STOLZING), Toby Spence (DAVID), Julia Kleiter (EVA), Wiebke Lehmkuhl (MAGDALENE) et Andreas Bauer. Tous méritent d’amples louanges, particulièrement méritées.
Précipitez-vous, ce n’est pas tous les jours que vous resterez presque 6 heures assis, à écouter un bel opéra, sans vous y ennuyer une seule seconde. Une fois encore un grand bravo à la direction de l’Opéra de Paris!
TOUTES LES PHOTOS : @ Vincent PONTET Opéra de Paris
7 représentations du 1er au 28 mars,
mardi 1er mars 2016 – 17h30
samedi 5 mars 2016 – 17h30
mercredi 9 mars 2016 – 17h30
dimanche 13 mars 2016 – 14h00
lundi 21 mars 2016 – 17h30
vendredi 25 mars 2016 – 17h30
lundi 28 mars 2016 – 17h30
TARIFS
210€ 190€ 160€ 140€ 100€ 70€ 35€ 15€ 5€ Excepté dimanche 13 mars 2016 : 231€ 209€ 176€ 154€ 110€ 77€ 39€ 15€ 5€
locations : par Internet : www.operadeparis.fr
par téléphone : 08 92 89 90 90 (0,34€ la minute)
téléphone depuis l’étranger : +33 1 72 29 35 35
aux guichets : au Palais Garnier et à l’Opéra Bastille tous les jours de 11h30 à 18h30 sauf dimanches et jours fériés