Le théâtre des Champs Elysées a décidément une excellente programmation quand il s’agit de ballets ou d’Opéras. Coté Lyrique, j’avais été impressionné par La Vie Parisienne en décembre dans une version ‘longue’, et cette fois j’ai eu un coup de coeur pour un opéra de Mozart, particulièrement célèbre : Cosi Fan Tutte.
Sous la direction musicale d’Emmanuelle Haïm et une mise n scène et des costumes de Laurent Helly, la scénographie de Chantal Thomas ne passe pas inaperçue. Quant aux interprètes, je l’ai vu un soir où Vannina Santoni était souffrante et ne pouvait pas chanter. Elle était sur scène en mimant son rôle, et dans le coin gauche de la scène ( vu du public), c’était Nicole Car qui chantait le rôle de Fiodiligi, aux côtés de Gaelle Arquez (Dorabelle), Cyrille Dubois ( Ferrando), Florian Sempey (Guglielmo), Laurene Paterno (Despina) et Laurent Naouri (Don Alfonso).
Photo : Vincent PONTET
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Curieusement la pièce semblait nous ramener dans les années 40 ou 50, dans des studios d’enregistrement, avec des costumes toutefois moins datés.
Cette variation sur l’Amour et la fidélité ne vieillit pas et tous les amateurs d’opéra connaissent cette oeuvre sans qu’il n’y ait d’airs ultra célèbres. Je ne vous ferai pas l’affont de vous en raconter la trame, disons qu’il s’agit d’un pari sur la Femme et l’Amour, qui fait l’objet d’un pari.
Photo : Vincent PONTET
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2 actes de 90 minutes chacun nous transportent avec une mise en scène alerte, et je dois reconnaitre que la chance de voir et d’écouter Nicole Car est une surprise totale. Que dire? Elle a été formidable, et les applaudissements ont été à la hauteur, où Madame Car a été ovationnée comme il se doit par une salle totalement conquise.
Photo : Vincent PONTET
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Ce sont des oeuvres comme cela qui marquant le lyrique. Je ne sais pas si la captation prévue se fera avec Nicole Car, j’en doute. Mais un moment magique comme celui là restera très longtemps dans ma mémoire.
Cinq siècles de musique seront parcourus au cours de la saison 2016/2017
Un parcours qui débute au 17ème siècle avec l’opéra de Cavalli écrit en 1667, Eliogabalo, donné pour la première fois en France , dirigé par Leonardo García Alarcón et mis en scène par Thomas Jolly avec le contre-ténor Franco Fagioli mais aussi Paul Groves, Valer Sabadus et Nadine Sierra, et qui se conclut en mars 2017, avec la commande d’un nouvel opéra en français passée au compositeur Luca Francesconi, Trompe la Mort, dirigé par la chef d’orchestre Susanna Mälkki et mis en scène par Guy Cassiers, avec une distribution largement française : Cyrille Dubois, Julie Fuchs, Jean-Philippe Lafont, Laurent Naouri, Philippe Talbot, Béatrice Uria-Monzon, aux côtés de Thomas Johannes Mayer et d’Ildikó Komlósi.
Sous la direction de Philippe Jordan, Samson et Dalila de Saint-Saëns – qui n’a pas été joué à l’Opéra depuis 1991 – sera proposé dans une mise en scène de Damiano Michieletto. Anita Rachvelishvili sera Dalila et Aleksandrs Antonenko, Samson. Puis la reprise des Contes d’Hoffmann d’Offenbach dans la mise en scène de Robert Carsen avec Jonas Kaufmann, Sabine Devieilhe, Kate Aldrich, Ermonela Jaho et Stéphanie d’Oustrac. Une alternance exceptionnelle à souligner avec Roberto Alagna, qui interprètera Don José à Paris pour la première fois, et Bryan Hymel ou encore Clémentine Margaine, Varduhi Abrahamyan, Anita Rachvelishvili et Elīna Garanča pour Carmen, Ildar Abdrazakov et Roberto Tagliavini en Escamillo, Aleksandra Kurzak, Nicole Car et Maria Agresta pour Micaëla dans Carmen de Bizet que Calixto Bieito remontera sous la direction de Lionel Bringuier et de Mark Elder.
A (re)découvrir Sancta Susanna d’Hindemith et Cavalleria Rusticana de Mascagni seront proposés en une seule soirée par le metteur en scène Mario Martone sous la direction de Carlo Rizzi.Elīna Garanča sera Santuzza aux côtés de Yonghoon Lee et Elena Zaremba, et c’est Anna Caterina Antonacci qui interprètera Susanna. Dmitri Tcherniakov mettra en scène La Fille de neige de Rimski-Korsakov qui sera dirigé par le jeune chef d’orchestre russe Mikhail Tatarnikov. Aida Garifullina sera Snegourotchka aux côtés de Franz Hawlata, Luciana d’Intino, Thomas Johannes Mayer, Martina Serafin et Ramon Vargas. Moins connu du public l’opéra Les Fêtes d’Hébé de Rameau sera proposé par l’Académie de l’Opéra de Paris. C’est au chorégraphe Thomas Lebrun que revient la mission de mettre en scène cette opéra-ballet avec les artistes de l’Académie, les chantres du Centre de Musique baroque de Versailles et les musiciens du Royal College of Music de Londres qui seront dirigés par Jonathan Williams. L’Académie proposera aussi Owen Wingrave un des opéras de Britten les moins représentés dans une version pour orchestre de chambre de David Matthews dirigé par Stephen Higgins et mis en scène par le jeune metteur en scène irlandais, Tom Creed.
La Cenerentola de Rossini sera mis en scène par Guillaume Gallienne et dirigé par Ottavio Dantone qui font tous deux leurs débuts à l’Opéra de Paris avec à l’affiche des jeunes artistes comme Alessio Arduini ou Roberto Tagliavini. Les décors seront signés Eric Ruf. Un projet illustre à nouveau le souhait d’unité entre les domaines chorégraphiques et lyriques avec la nouvelle production de CosÌ fan tutte : Anne Teresa De Keersmaeker mettra en scène six jeunes chanteurs doublés de six danseurs (en alternance avec ceux de la Compagnie Rosas et du Ballet de l’Opéra). Dirigé par Philippe Jordan, CosÌ fan tutte débutera un cycle Da Ponte qui se poursuivra sur les saisons à venir.
Thomas-Joll
Luca-Francesconi
Le cycle Wagner engagé par Philippe Jordan se poursuivra avec Lohengrin dans la nouvelle production de Claus Guth avec Jonas Kaufmann, présent pour la deuxième fois cette saison, aux côtés de Martina Serafin et de René Pape. Dédié à Pierre Boulez qui a fait entrer cet opéra au répertoire de l’Opéra de Paris en 1963, Wozzeck de Berg mis en scène par Christoph Marthaler et dirigé par Michael SchØnwandt sera repris à l’Opéra Bastille.
Les grandes voix viendront interpréter les spectacles du répertoire avec notamment Anja Harteros, Marcelo Álvarez, Bryn Terfel dans Tosca, Sonya Yoncheva en alternance avec Anna Netrebko face à Peter Mattei dans Eugène Onéguine, Vittorio Grigolo, Željko Lučić et Nadine Sierra dans Rigoletto, Artur Ruciński, Pretty Yende dans Véronique Gens Lucia di Lammermoor, et Stanislas de Barbeyrac dans Iphigénie en Tauride ou encore pour la reprise de La Flûte enchantée, dirigé par qui fera ses débuts à l’Opéra de Paris, avec Stanislas de Barbeyrac / Pavol Breslik pour Tamino, Michael Volle / Florian Sempey pour Papageno, René Pape / Tobias Kehrer pour Sarastro, Sabine Devieilhe / Albina Shagimuratova pour La Reine de la nuit, Christina Gansch pour Papagena, Nadine Sierra / Kate Royal pour Pamina aux côtés de José Van Dam pour Der Sprecher. Enfin, Joyce DiDonato, Juan Diego Flórez, Anja Harteros, Ludovic Tézier et Rolando Villazón donneront des récitals au Palais Garnier.
Dmitri-Tcherniakov
Côté Danse
Benjamin Millepied propose neuf créations et six entrées au répertoire pour cette nouvelle saison.
La qualité des compositions musicales est de nouveau au centre de la conception de cette deuxième saison et un certain nombre d’artistes contemporains collaboreront pour la première fois avec le Ballet de l’Opéra de Paris Cinq ballets de George Balanchine seront à l’affiche au cours de la saison : trois ballets abstraits réunis dans une même soirée avec l’entrée au répertoire de Mozartiana imaginé sur une partition de Tchaikovski en hommage à Mozart avec, aux côtés des solistes, les élèves de l’École de danse ; Violin Concerto, œuvre qui s’inscrit dans l’esprit des ballets « en noir et blanc » de Balanchine et Brahms-Schönberg Quartet conçu sur une musique de Brahms orchestrée par Schönberg, avec des décors et costumes signés de Karl Lagerfeld, autre grand maître de l’élégance et de la pureté des lignes. Également une entrée au répertoire avec un des rares ballets narratifs de George Balanchine, Le Songe d’une nuit d’été.
En amoureux de la partition de Félix Mendelssohn-Bartholdy, George Balanchine avait crée en 1962, pour le New York City Ballet, sa version de la comédie de Shakespeare. La réalisation des décors et costumes a été confiée à un autre magicien de la scène, Christian Lacroix. La Valse, cette chorégraphie de George Balanchine de 1951 sera proposée dans le cadre d’une soirée autour de Maurice Ravel, intarissable source d’inspiration chorégraphique, encadré par En sol de Jerome Robbins et par un Boléro fascinant de Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet électrisé par la scénographie de Marina Abramović et les costumes de Riccardo Tisci. Cette année verra également l’entrée au répertoire de deux œuvres de William Forsythe.
Sous le signe de l’école américaine, Trio sur une musique de Ludwig van Beethoven créé en 1996 pour le Ballet Frankfurt et Workwithinwork monté deux ans plus tard sur les Duetti pour violon de Luciano Berio. Une soirée complétée par l’entrée d’une œuvre majeure de Merce Cunningham créée en 1968. Walkaround time sur une musique de David Behrman et dans des décors imaginés d’après le Grand Verre de Marcel Duchamp.
Blake Works de Forsythe, spectacle conçu en juillet 2016 pour les danseurs du Ballet de l’Opéra national de Paris, élaboré en collaboration avec l’étoile montante de la musique électro britannique James Blake, sera présenté lors du Gala d’ouverture de la saison chorégraphique pour une soirée tournée vers la modernité avec la création de la canadienne Crystal Pite qui investira pour la première fois la scène de l’Opéra avec une pièce conçue sur une musique de Max Richter inspiré de Vivaldi. Tino Sehgal travaillera aussi pour la première fois avec le ballet de l’Opéra qu’il mettra en scène tant dans les espaces publics que dans la grande salle du Palais Garnier et In Creases de Justin Peck entraînera les danseurs sur une musique de Philip Glass pour ce programme de la rentrée. Création encore avec Tree of Codes de Wayne McGregor donnée en juillet 2015 au Festival international de Manchester pour les danseurs du Ballet de l’Opéra national de Paris et de la Company Wayne McGregor. Il fait appel ici au musicien Jamie xx qui compose une musique à la lisière de la pop et de l’électronique et à l’artiste Olafur Eliasson pour la scénographie.
barbara Benjamin-Millepied-Stephane-Lissner-et-Philippe-Jordan
Également deux créations de Benjamin Millepied : l’une inspirée des mots et timbre de l’artiste Barbara, devenue un des symboles de la chanson française, proposée dans une même soirée avec la dernière œuvre majeure d’Antony Tudor sur la musique amoureuse d’Antonín Dvořák, The Leaves are Fading, créée en 1975 et souvent considérée comme la plus « abstraite » du chorégraphe. L’autre associe Philippe Parreno, artiste français qui a redéfini la notion même d’expérience de l’art et qui conçoit ses expositions comme un espace scénarisé donnant lieu à une série d’événements. Suivis et encadrés par Benjamin Millepied, avec la participation de William Forsythe, quatre chorégraphes, Sébastien Bertaud, Bruno Bouché, Nicolas Paul, Simon Valastro présenteront le fruit de leur travail élaboré au sein de l’Académie chorégraphique de l’Opéra national de Paris lors d’une même soirée
Après 20 danseurs pour le XXe siècle de Boris Charmatz, l’Opéra de Paris intégrera cette saison à son répertoire À bras-le-corps. C’est la majestueuse Rotonde du Glacier du Palais Garnier qui se voit investie par deux chorégraphes, Boris Charmatz et Dimitri Chamblas toujours tentés de rencontrer les spectateurs à l’extérieur des salles dédiées au spectacle.
Le Lac des cygnes de Rudolf Noureev sera repris pour les fêtes de fin d’année et La Sylphide de Pierre Lacotte terminera la saison au Palais Garnier. Les Démonstrations et le Spectacle de l’Ecole de danse, qui fêtera cette saison sa 40ème édition, ainsi qu’un Gala invitant les Ecoles de danse du XXIe siècle compléteront ce programme. Deux compagnies internationales seront invitées : L’American Ballet Theatre avec La Belle au bois dormant remonté par Alexei Ratmansky et le Semperoper Ballett, Dresden qui présentera Impressing the Czar de William Forsythe
Indéniablement une très belle saison 2016/2017, qui montre que l’Opéra de Paris reste un des plus grands au Monde.
TOUTES LES PHOTOS @ E BAUER Opera de Paris
Les abonnements de la saison 2016/2017 sont ouverts à la vente depuis le 10 février 2016 et la vente des spectacles à l’unité se fera à partir du 31 mai 2016 suivant un calendrier d’ouverture des ventes séquencé 3 ou 4 mois avant la première de chaque spectacle (11 dates d’ouverture).
Un opéra pas très connu de Richard Strauss, pourtant à l’honneur à l’Opéra Bastille.
On connaît mieux le Chevalier à La Rose du même compositeur, Richard Strauss, que ce Ariane A Naxos composé en 1916. En fait l’oeuvre est composée d’un prologue et de l’Opéra en lui-même, le prologue expliquant le pourquoi de cet opéra dans l’opéra. Dans cette première partie on se retrouve dans la maison d’un homme richissime, qui va donner une soirée de gala, avec un opéra, le premier d’un jeune compositeur,(interprété par Sophie Koch) qui sera suivi, au grand dam de ce dernier d’une pièce de théâtre comique, avec Zerbinette (Elena Mosuc) et ses 4 amants. Mais le maître de maison décide de changer le programme en dernière minute, ce qui désespère les deux compagnies.
Dans la seconde partie, l’Opéra, la prima donna (Karita Mattila)se retrouve sur l’île de Naxos, dans une grotte, où 3 naïades veillent sur son sommeil agité. Ariane qui se croyait morte s’éveille, et des comédiens italiens la plaignent, pour sa tristesse alors qu’elle est si jeune. Arlequin tente même une petite chanson entraînante, mais elle n’entend rien.
En fait l’histoire telle qu’on la voit sur scène respecte le livret de Hugo Von Offenthal, mais dans la seconde partie, il faut avoir beaucoup d’imagination pour voir une grotte sur une île dans ce décor signe Chantal Thomas) qui ressemble plus à un chantier en construction. Ceci dit, on ne vient pas à l’Opéra pour les décors, même si ils peuvent déranger certains, de même que les éclairages de Joël Adam. On vient là pour écouter de belles voix, avec une bonne direction d’orchestre. Et sur ces deux points, il n’y a rien à dire. L’orchestre, sous la direction de Michael Schönwandt nous livre la partition avec génie, et les interprètes, surtout les voix féminines, sont absolument fantastiques. En première partie Sophie Koch reçoit une ovation plus que méritée pour ses solos de mezzo soprano dans le rôle masculin du jeune compositeur. Dans la second epartie, Bacchus ( Klaus Florian Vogt) partage les applaudissements nourris avec Zerbinette (Daniela Fally) et Ariane ( Karita Mattila) et avec le reste de la troupe dont Olga Seliverstova, Agata Schmidt et Ruzan Mantashyan.
J’ai été agréablement surpris par la partition, n’étant généralement pas un grand fan de l’Opéra allemand. Comme quoi il ne faut jamais dire…Fontaine…je ne boirai pas de ton eau. Je ne peux que vous recommander cet opéra, qui sans être un opéra connu, avec des airs célèbres, est loin d’être une oeuvre difficile. A découvrir.
TOUTES LES PHOTOS / BERNARD CONSTANT @ OPERA DE PARIS
Représentations à l’Opéra Bastille
mardi 27 janvier 2015 – 19h30
samedi 31 janvier 2015 – 19h30
vendredi 6 février 2015 – 19h30
lundi 9 février 2015 – 19h30
jeudi 12 février 2015 – 19h30
mardi 17 février 2015 – 19h30
INFORMATIONS / RÉSERVATIONS
par téléphone : 08 92 89 90 90 (0,337€ la minute)
par Internet : www.operadeparis.fr
aux guichets : au Palais Garnier et à l’Opéra Bastille tous les jours de 11h30 à 18h30 sauf dimanches et jours fériés
Voici l’air de Harlequin, mais dans une version différente que celle représentée actuellement à l’Opéra Bastille: