Bonne surprise en OFF Avignon
Marie Caillaud, petite berrichonne de onze ans, est bien intimidée d’être en face de la bonne dame de Nohant. La fille du tisserand du haut de ses onze ans sait déjà laver, ravauder, biner, bêcher, brider une volaille et ne rechigne pas devant le travail. George Sand l’engage. Très tôt Madame Sand décèle chez la petite servante, une intelligence vive et un désir de savoir.
Marie, la cuisinière houspille la petite servante mais lui apprend à cuisiner. La table est bonne et célèbre. Marie est éblouie par ses beaux Messieurs et ses belles Dames qui viennent de Paris. Mais son cœur bat à tout rompre pour le beau Maurice, le fils de Madame. Maurice lui propose de jouer dans ses pièces, c’est une tradition à Nohant on fait du théâtre, avec les invités, avec les résidents et avec des marionnettes. Les maîtres de Nohant sont très prolifiques. La petite Marie est une bonne et sensible comédienne. On lui apprend à lire et à écrire. C’est plus pratique pour lire et les romans de Madame et les écrits de Maurice. Marie devient la maîtresse de Maurice qui l’a séduite.
Marie prend de l’assurance auprès de cette belle compagnie. Elle jouera plus de 35 pièces écrites par George Sand, qui, toute sa vie a brisé les tabous, ne craignant pas l’opprobre public. Mais dans sa vie privée, comment George Sand va-t-elle considérer la liaison de son Maurice avec sa gouvernante ?
Gérard Savoisien nous avait enchanté l’an passé avec « Mademoiselle Molière », cette année sa Marie des Poules nous touche au cœur.Dans cette nouvelle pièce, il décrit tout un pan de l’histoire de la littérature et du siècle. Au travers du destin d’une petite paysanne analphabète qui s’élèvera plus haut que sa condition, il brosse un portrait de femme délicat et sensible. Dans la pièce nous suivons Marie Caillaud de onze ans jusqu’à sa maturité. Béatrice Agenin compose avec sensibilité Marie. Au début nous avons une petite paysanne aux accents berrichons pour devenir une jeune fille, plus fine, plus cultivée, puis une femme amoureuse et bafouée. Toutes les émotions, les émois, les révoltes de Marie sont portées par Béatrice Agenin. Cette merveilleuse comédienne incarne également George Sand. Sa composition nous touche au cœur. Face à elle, Arnaud Denis incarne Maurice. Comment lui résister ? Nous comprenons Marie, mais Dieu que le personnage est déplaisant, ni pire, ni meilleur que la plupart des fils de famille qui exercer un droit de cuisage sur les petites bonnes. Mais Maurice est un personnage assez complexe qui vivait dans l’ombre de sa mère, et qui aima sincèrement Marie, du moins il nous plait de le penser.
Arnaud Denis a composé une mise en scène qui sert admirablement le texte de Gérard Savoisien. Les costumes d’époque nous plongent à Nohant, une maison de poupées nous permettra de pénétrer dans l’intimité des personnages. Les marionnettes à l’image de Marie et Maurice, de Béatrice Agenin et Arnaud Denis sont de Julien Sommer, elles peuvent prendre place dans la collection à Nohant. Chaque élément de décor est juste, bien pensé et permet aux spectateurs de prendre place pour rire et pleurer à ce superbe spectacle.
Marie Laure Atinault envoyée spéciale au festival d’Avignon